Le gouvernement grec a présenté son projet de budget pour 2017, qui doit encore être validé par les créanciers européens.
Le budget prévoit d’importantes coupes dans les retraites, notamment celles des plus pauvres. Il prévoit également de fortes hausses d’impôts, particulièrement des taxes indirectes, qui vont frapper tous les ménages.
Le gouvernement grec s’avère d’ailleurs particulièrement zélé dans l’application du mémorandum, puisqu’il vise un surplus budgétaire primaire de 2 % du PIB, alors que les créanciers ne demandaient « que » 1,75 %.
Au total, la cure d’austérité (hausses d’impôts et baisse de dépenses) serait de 3,3 milliards d’euros, soit près de 2 % du PIB. C’est considérable. Cette consolidation budgétaire est du même ordre que celle réalisée en 2013, qui avait conduit à une baisse du PIB de 3,2 %. Dans ces conditions, l’hypothèse de croissance de 2,7 % en 2017 sur laquelle repose le budget n’a aucune chance de se matérialiser.
À noter que ce chiffre de croissance 2,7 % est également celui prévu par la Commission européenne. Pour mémoire, le graphe ci-dessous montre l’ampleur des erreurs de prévision de la Commission par le passé ; la sagesse et l’expérience nous conduisent donc à penser qu’elle se trompe à nouveau lourdement, d’autant plus que c’est toujours elle qui de facto pilote la politique économique grecque.
En 2017, une forte récession, ou au mieux une croissance atone, est donc bien plus probable. Le gouvernement constatera alors que ses objectifs budgétaires n’ont pas été atteints, car ses recettes seront moins importantes. Et cela justifiera une nouvelle cure d’austérité…
Pour celles et ceux qui suivent la Grèce depuis quelques années, il y a comme un sentiment de déjà vu. Cette spirale absurde de l’austérité qui justifie encore plus d’austérité est à l’œuvre depuis l’arrivée de la Troïka en Grèce. Force est de constater que le gouvernement Syriza-ANEL n’a pas pu la briser, faute d’une stratégie politique et économique à la mesure de la violence des institutions européennes.
Le gouvernement lui-même ne peut pas être dupe de ce non-sens économique : lorsqu’il était dans l’opposition, Syriza l’a suffisamment dénoncé. Mais aujourd’hui il fait mine de croire à la magie de la « fée confiance » pour faire revenir la croissance.
Cette duplicité ne peut conduire qu’à une très forte crise de légitimité. Déjà, la cote de popularité du gouvernement est en chute libre, tandis que les manifestations se multiplient et prennent parfois un caractère violent. C’est dorénavant l’opposition de droite qui est en tête dans les sondages, mais elle n’a pas d’alternative réelle à proposer, étant fondamentalement en accord avec la politique d’austérité. L’impasse institutionnelle est totale.
Même s’il est impossible de prédire quand ni sous quelle forme elle se manifestera, une nouvelle étape de la crise politique est donc inévitable. La question du défaut sur la dette et du maintien dans la zone euro se posera alors de façon encore plus aigüe qu’en juillet 2015…